Le soleil du nord
Martin se réveilla avec des sueurs froides.
Il n’avait pas fait ce rêve depuis de nombreuses années : un homme en blanc marchait dans un pré fleuri, puis se retournait et le regardait avec intensité dans les yeux. “ Des Flandres pareilles” - a t’il dit, comme d’habitude, et l’image a commencé à s’évanouir. Martin attrapa l’étranger, essaya de lui toucher la main, mais lui - et les Flandres avec lui - s’évanouirent de nouveau. Juste comme dans la vraie vie.
Un coup précipité à la porte.
— Bonjour ?...
Un craquement
— Que s’est il passé ici ? - C’était la voix d’Augustus.
Martin leva la tête pour regarder son vieil ami et il recula. Cela ramena le leader Knechte à la réalité.
— Martin ?...
Le jeune homme regarda autour de lui. Il n’avait pas reconnu la chambre de l’ancien motel : les meubles s’étaient transformé en poussière de bois, les murs étaient brûlés, tout le verre était brisé. Ça sentait la fumée.
— Tout va bien, merci.
— Qu’est il arrivé? - Le vieil homme s’asseya auprès de lui.
— Les Flandres Augustus, les Flandres.
— Où ?
Martin essaya de se rappeler les détails du rêve. Tout était comme avant : herbe, animaux, eau, soleil au zénith… Le soleil bas. Le soleil du nord.
— Direction Nord-Nord-Est.
Augustus opina du chef, se leva et se dirigea vers la porte, mais avant de l’atteindre, il s'arrêta et se retourna :
— Je n’attendais que ça.
Martin acquiesça.
Le vieil homme sourit et partit. Il y avait des voix. Martin le savait : dès l’aube, les Knechte seraient prêt à marcher.
Les tracteurs à peine vivants ont rampé sur des champs desséchés, où des gens moribonds et tout aussi desséchés étaient entravés. Leur “maître” surnommé le Duc était assis dans un vieux château et collectait des pièces de rechange rares. Il passait son temps libre d’observer sa collection à parcourir les terres environnantes, accompagné d’une suite.
Une salve suffisait au Duc, et la suite n’avait pas besoin de commencer à se battre : voyant la mort du chef, ils ont disparu aussi vite que possible.
— Au moins, nous avons de bons trophées. Et nous avons libéré le peuple.
Martin secoua la tête. Il était assis par terre, appuyé contre le dossier de la chaise du Duc, qui servait de trône au petit tyran. Une ancienne lampe à pétrole se tenait à proximité, essayant de disperser l’obscurité.
— Ce ne sont pas les Flandres.
Augustus, grognant, s’assit à coté de lui.
— Martin… As-tu déjà pensé que les Flandres n’était pas un endroit spécifique ? Que ce n’est pas un endroit du tout ? Que les Flandres sont un… But ?
Martin n’a pas répondu. Il regarda la lumière de la lampe, puis à travers la fenêtre où se balançaient les branches de cendres mortes. Le vieil homme soupira doucement, ferma les yeux et s’assoupit.
— Augustus ?...
— Oui?
La lampe, apparemment, est éteinte depuis longtemps. Augustus frissona du froid qui avait eu le temps de remplir la pièce et s’éveilla complètement.
— Nous rentrons à la Vallée. Vous avez raison, nous avons de bon trophées. Nous avons besoin de fournitures. Nous avons besoin de nouveaux Knechte.
— Et les Flandres ?
Martin se leva et sembla sourire.
— Nous les cherchons en ce moment même.